Common-Passion.

Le 10 Août, dans l'avion pour Seattle
Seize heures trente sept.

___Je suis dans l'avion à présent. En première classe, mon père avait insisté, les gens restaient calme, aucun bruit. Cela me plaisait. J'allumais mon petit appareil à musique et écoutais toutes mes chansons en vrac. Les hôtesses déambulent dans les couloirs et nous proposent enfin des plateaux repas, mais je décline leur proposition, cette nourriture me fait vomir, à chaque fois. Je sors des paquets de bonbons et grignote en regardant « Orgueils & Préjugés » qui, par chance, est sur le programme.
___Tout le monde me manque. Je sors mon téléphone et envoie un message à Ethan :


___Je n'étais pas très fatiguée, et habituellement je ne souffre pas du décalage horaire donc tout va bien. Mon appartement contient 3 chambres et un grand salon avec une cuisine américaine, beaucoup de choses qui ne servent à rien. Il va me falloir racheter un piano, droit malheureusement. J'haïssais afficher mon trop plein d'argent, c'était certes plaisant et avantageux, mais je ne supportais les regards envieux ou haineux sur moi. Je suis dépendante du regard des autres malgré mon ignorance absolue, je suis sensible et mes larmes coulent très facilement, pour une joie ou une peine. Je suis souvent prise de crises d'angoisses à cause du trac ou de problèmes quelconques. Prête à tout pour arriver à mes fins, je suis persuasive et persévérante.
___Tiens, Ethan m'a répondu.


___Je restai bouche bée devant le message d'Ethan. L'épisode sur Kasey m'avait définitivement achevée. Je décidai de dormir les quelques heures qui me restait histoire de décompresser.


Le 10 Août, avion, quelques part au dessus de Seattle
Dix huit heures cinquante quatre.

___Une hôtesse me réveilla doucement en me demandant me mettre ma ceinture, le temps avait défilé ! L'avion atterrit sous la pluie. Quel magnifique paysage ! Je sortais dans les premiers, attrapait ma valise, et ne prenais pas le temps d'acheter un parapluie. J'adorais la pluie. Je sortais euphorique, cette ville était tout bonnement splendide sous cette fine pluie. Je restai coite pendant un long moment, profitant des gouttes sur mes joues. Je ne vais pas cacher que mes larmes se mêlaient à celles-ci. Mon cœur battait trop vite, tout défilait dans ma tête ; le départ, ma famille, la musique : je crois que je commençais une crise d'angoisse, mais j'étais malheureusement habituée. Une jeune femme non loin me regardait, comme attendrie par mes actes, voyait-elle que je pleurais ? J'en doutais. La fumée de sa cigarette parvint jusqu'à mes narines, ce qui me fit réagir. Fumer moi-même ne me dérangeait pas, mais l'odeur m'horripilait. J'attrapais mon sac et héla un taxi.
___Dès que j'eus posé ma valise dans l'entrée. Je me précipitai au balcon. Je ne me lassais pas de cette vue. Un sourire léger se dessina sur mes lèvres, et je retournai dans mon salon. Cassie avait fait aménager le tout selon mes goûts : simple dans les tons blanc, beige et marron. Je filai entreposer mes affaires dans ma chambre et dans la salle de bain. Je plaçais des draps sur les 3 lits doubles en cas de visites et retournai dans la salle principale. Le frigo était rempli, décidemment mes parents avaient pensé à tout. Je leur en étais reconnaissante, sans eux je serai probablement dehors sous cette magnifique pluie, sans toit. J'attrapais le téléphone et composais le numéro de chez moi. On décrocha à peine la première sonnerie achevée, c'était une petite voix paniquée :

Kasey – ALLO !
Moi – Kay ! C'est moi !
Kasey – pleurnichant – Jamie ! Reviens ! Rentre à la maison.

___Ces supplications me faisaient mal au cœur.

Moi – parlant doucement – Désolée ma puce, ce n'est pas possible. Je dois étudier.
Kasey – Mais ...

___On lui avait pris le téléphone des mains.

... - Salut toi ! Merci de ne pas avoir dit au revoir !
Moi – Bonjour Kate. Peux-tu rendre le téléphone à Kasey ?!
Kate – Je n'en ai pas finis, pourquoi ta chambre est-elle ...
Moi - m'énervant - Fermée ?! Parce que tu ne toucheras à rien. Redonne ce téléphone à Kasey !
Kate – Sinon quoi ? Tu vas venir me gronder ?
Moi – Je serai capable de reprendre l'avion pour t'arracher la tête ! Rend lui le téléphone.
Cassie - de loin – Kate redonne le téléphone à Kasey !
Kate – soupirant, puis d'une joie exagérée – Au revoir Jamie !

___Je ne répondais pas et attendais de pouvoir parler à Kasey.

Kasey – Allo ?
Moi - Oui Kay, je suis toujours là.
Kasey – Tu vas pas revenir alors ...
Moi - Oui mais pas pour l'instant. Et tu viendras me rendre visite !
Kasey – Tu me manque Jamie.

___Comment ne pas pleurer dans un tel moment ? Je demandai à Kasey de me passer Ethan et attendais quelques minutes.

Ethan – Jamie ?!
Moi – Oui !
Ethan – Alors ? Quelle est ta première impression ? Je sais qu'elle ne compte pas mais bon.
Moi – Ma première impression est ... comment dire ... parfaite. J'adore cette ville. Je vais m'y plaire c'est certain. Demain je vais au collège pour auditionner et voir dans quel niveau de piano je serai placé.
Ethan – Comment ça ?
Moi – C'est un système de niveau pour le piano et le chant. Il y a une classe ''normale'' regroupant tous les niveaux et nous avons 2 heures supplémentaires correspondant a notre niveau. Le soir souvent.
Ethan – Aaaah. Donnes moi de tes nouvelles après demain !
Moi – Promis ! Je t'aime Big Bro.

___Je coupai la communication et laissai mes larmes couler à nouveau. J'avançais dans le couloir blanc et marron glacé et vis une salle. Le bureau je crois. Je poussais doucement la porte et vis un piano droit beige-marron contre le mur du bureau, pas très loin d'un bureau avec un ordinateur ; le mien. Je ne m'attendais pas à voir un piano pour l'instant mais je me dirigeai vers le siège de cuir et m'assis. Je pris une inspiration et jouais Moonlight de Beethoven, une de mes mélodies préférées au piano, lente et puissante à la fois, cela fait 3 ans que je la travaille sans arrêt.
___Je terminai la mélodie et finis de visiter mon appartement. J'avais un dressing assez spacieux et je découvris avec surprise que mon balcon avait vu sur mon établissement. L'espace était vert et immense, il devait y avoir 3 bâtiments. Ils y enseignaient la musique, la danse, le chant, l'écriture la photographie et le dessin. C'était mon paradis. J'attrapai un sac et quelques affaires et partis me promener dans les alentours, la pluie avait cessée. Les rues étaient humides et les pans de mon jean se mouillaient dans les flaques. Les arbres se balançaient doucement au rythme de la brise et les dernières gouttes tombaient des gouttières.
___Je vivais près de mon établissement au dessus d'une petite place avec quelques magasins. C'est ici qu'était mon lieu de travail. Je décidai de m'y rendre. Après quelques minutes de marches je vis enfin l'enseigne Starbucks Coffee, je rentrai dans le café et me présentai auprès d'une employée.

Moi – Bonjour.
Employée – Bonjour, qu'est-ce que je peux vous servir ?
Moi – souriant – À vrai dire, j'ai postulé ici. Je viens de France ...
Employée – Ah tu es Jamie ?! Bienvenue ! Je m'appelle Abby.
Moi – Merci. Enchantée Abby.
Abby – Tu dois vouloir voir le gérant ?
Moi – Oui s'il te plait.
Abby – Mh ... Je ne peux pas quitter mon poste pour l'instant. Passe derrière le comptoir et c'est la deuxième porte à droite.
Moi – D'accord, merci.

___Je passai par l'ouverture et me dirigeai vers le couloir. La porte était entrouverte, je cognai en passant la tête dans l'embrasure de la porte.

Moi – Euh ... Bonjour.

___Un jeune homme d'une trentaine d'année releva la tête et me sourit. Il portait une chemise blanche et un pantalon de costume gris. Le bureau était dans les tons bruns et vert, il ma désigna une chaise en face de son bureau et je m'assis.

Gérant – Bonjour ... Jamie c'est ça ?
Moi – Oui.
Gérant – Dis moi, je peux te tutoyer ?
Moi – Pas de problème Monsieur ...
Gérant – Sparks. Joshua Sparks.
Moi – souriant – Monsieur Sparks.
Mr Sparks – Alors, vu que toutes les formalités sont réglées, quand sera tu prête à commencer ?
Moi – Après demain. J'aurais mon emploi du temps dans 2 Semaines, je vous avertirai.
Mr Sparks – Dans 2 semaines ? Tu n'irai pas au Conservatoire par hasard ?
Moi – étonnée – Oui c'est cela. Comment savez-vous ?
Mr Sparks – Une autre employée y va. Abby.
Moi – D'accord. Et bien, merci Monsieur.
Mr Sparks – Merci à toi. À bientôt.
Moi – Au revoir.

___Je sortis de son bureau et croisai Abby sur ma route. Je lui adressai un sourire et sortis. Quelques éclaircies perçaient les nuages, je m'assis près de la fontaine de la place et observai les alentours. Des enfants se poursuivaient devant les yeux attendris de leurs mamans assises à la terrasse de mon lieu de travail. De jeunes filles discutaient entre elles à propos de la rentrée dans 3 semaines (Je commençais une semaine plus tôt au Conservatoire). Au loin, trois garçons d'âge différents s'amusaient à se sauter dur le dos en sortant d'un petit immeuble collé au mien. Un rayon caressa ma joue, je fermai les yeux puis je sentis qu'on tirait sur ma manche. Je rouvris les yeux et découvris qu'un petit chien mordillait mes vêtements. Il était noir, le bout des pattes brun et le poitrail blanc. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres et je retirai délicatement mon t-shirt de la gueule du chiot en lui caressant la tête. Je me levai et me dirigeai vers mon immeuble.

Officier – Ce chien est-il à vous ?

___Les mamans à qui s'adressait l'homme secouèrent la tête simultanément.

Officier – Et bien ... Il va malheureusement falloir l'emmener à la fourrière.

___Je ne sais pas ce qui me prit mais j'avançais de trois pas vers leur direction, puis lorsqu'il attrapa le chiot par la peau du cou, sous le regard ébahis des enfants, des mamans, des jeunes filles, des trois garçons et de l'officier, je m'écriai :

Moi – Il est à moi ! Excusez-moi. Sincèrement, j'ai cru qu'il me suivait mais non.
Officier – Très bien mademoiselle. Faites attention la prochaine fois.
Moi – Merci.

___Il me tendit le chien que j'attrapais délicatement dans mes bras sous les doux regards des personnes de la place. Je détestais me donner en spectacle, mais bon, c'était pour une bonne cause. Je regardais autour de moi et fis demi-tour pour rentrer chez moi. Je remarquai en passant que le chiot était un bouvier bernois, de quoi bien encombrer, mais j'adorais les chiens et voir un animal souffrir m'était assez insupportable. Je lui donnerai un nom plus tard.
Je venais de lui donner un bain, puis l'installai sur le canapé. Il n'avait aucun tatouage, j'en déduisais que, logiquement, il est à moi, du moins, pour l'instant.

Moi – Et bien mon grand, il va falloir te donner un nom.

___Je me levai et fouillai dans mon congélateur dans l'espoir de trouver une glace. Mes attentes furent comblées par un Magnum. Je revins près du chiot et me creusai la tête pour lui trouver un nom potable, il grimpa sur mes genoux et approcha la tête près de ma glace, la regardant avec intérêt.

Moi – sourire narquois aux lèvres – Magnum ?

___Voilà comment il allait s'appeler. Magnum. Je finis ma glace et m'entrainai une heure et demie au piano. Ensuite j'achetai une laisse et un panier à Magnum, ainsi qu'un jouet. De retour chez moi je pris une deuxième douche et enfilai un survêtement gris et un débardeur blanc, je mis un CD et chantai sur la chanson que je présenterai le lendemain. À 21h00, j'envoyai un message à Cassie :


___Ma première journée s'était merveilleusement bien passée. Je me glissai dans les draps blancs, et tombai vite dans les bras de Morphée.